Mon nom de naissance est Sepheus Schattengrau, mais là où je vis on m'appelle "toi, là bas", ou "machin", et je dois répondre "oui, maître", "oui, monsieur".
J'étais le fils d'une famille de paysans qui vivait dans le petit village de Teufelfeuer, dans le Reikland. Ma mère fut brûlée vive par les répurgateurs pour sorcellerie, par ma faute, quand j'eus atteint l'âge de huit ans où mon "don" - ma malédiction devrai-je dire - s'est révélé. Depuis ce jour funeste, j'ai appris à maîtriser mes émotions pour ne pas causer plus de dommages et ne pas raviver les soupçons qui pesaient sur ma famille.
Mais à l'adolescence, mes pulsions hormonales reprirent le dessus. Je tombai amoureux d'Helga, la fille du forgeron, et ce fut le drame. A la fête de Geheimnisnacht, nous nous cachîmes dans un coin d'ombre, et elle m'embrassa. Le contact de ses lèvres, mon désir brûlant, mes émotions contenues pendant toutes ces années, c'en fut trop. Ignorant tout des arcanes, je ne pus contrôler les vents magiques qui affluait en moi. Elle mourut dans d'horribles souffrances, et je ne pus rien faire pour la sauver tandis que des vagues d'énergie magique sortaient de mon corps et se jetaient sur la malheureuse.
J'étais fou de colère contre moi-même et mon impuissance, et fou de tristesse. Mais je ne voulais pas que l'on m'accuse, que l'on me fasse subir la même chose que ma mère, alors que tout cela était arrivé sans que je le veuille. Abandonnant sans un adieu ma famille, mes amis, et le reste du village qui festoyait sans se douter de la tragédie qui venait de se dérouler, je m'enfuis dans la nuit.
J'appris plus tard que lorsque le corps d'Helga fut retrouvé, les répurgateurs étaient revenus et avaient brûlé toute ma famille. De toute façon mon père me battait, je ne l'aimait guère. Mes frères et sœurs ne le méritaient pas mais c'était eux ou moi, et finalement je peux m'estimer heureux que ce soit eux plutôt que moi.
Au terme de mon errance, je tombai par un curieux hasard sur un sorcier du Collège Gris. En réalité ledit sorcier m'observait depuis un bon moment à mon insu et avait fini par décider de se montrer pour faire de moi son apprenti.
Ce jour-là cela faisait six ans que j'étudiais et que je servais mon maître au sein du Collège. Quand je n'étais pas en cours il m'envoyait porter des messages aux autres magisters umbramanciens. Mais le Collège de l'Ombre est un vaste dédale de passages secrets et de couloirs situés dans des plans parallèles, dont les multiples entrées sont situées un peu partout dans Altdorf. Venant de la campagne, il m'est plusieurs fois arrivé de m'y perdre. Lorsque cela arrivait, mon maître n'était pas très compréhensif : il me battait quotidiennement, et me mettait parfois au cachot pendant plusieurs jours sans autre nourriture que du pain rassis et de l'eau.
Malgré ces privations j'avais beaucoup grandi, mais ma maigreur et mon teint cadavérique faisaient peur aux gens que je croisait dans la rue. Je préférais souvent ne pas les regarder ni leur adresser la parole.
Cette fois, c'est un message de la plus haute importance, m'avait-on dit, que je devais porter à mon vénérable maître. Il n'aurait pas été très content si je me perdais encore une fois, ou si j'étais en retard, donc je me dépêchai. Je passai dans des ruelles étroites où vivait une faune de loqueteux qui ne m'inspiraient guère confiance. Un ivrogne me héla, une prostituée m'appela "mon chou". N'ayant connu que peu de preuves d'affection dans mon existence je lui souriai, mais je perçu son ritus de dégoût quand elle vit ma dentition crasseuse et carriée.
Je me hâtai, mon maître me battrait sûrement quand il verrait que j'avais brisé le sceau mais je m'en moquai, j'y étais habitué. Je lui aurais expliqué que j'étais tombé en courant et que le sceau s'était cassé dans ma chute.
De toute façon, ce parchemin était vierge. Je ne voyais pas pourquoi on m'avait interdit de le lire.
(HRP : Début de la campagne avec Malk/arti
Bon, je sais, "encore un orphelin".
Souvent les MJ en ont marre, car les joueurs de JdR font presque toujours des orphelins. C'est pourtant bien pratique pour faire un personnage qui n'a pas d'attaches qui l'empêchent de partir à l'aventure, c'est une option de facilité bien sûr, mais quand comme moi on a parfois du mal à trouver l'inspiration pour un BG, la mort des parents constitue un bon point de départ et un tremplin pour d'autres évènements. De plus, je pars du principe que l'Empire regorge d'orphelins, avec toutes les guerres, les maladies, les assassinats, etc.)